Le jeudi 17 avril 1975, Phnom Penh, capitale du Cambodge, est envahie par de longues cohortes d'adolescents. Il s'agit de l'armée des communistes cambodgiens. Surnommés quelques années plus tôt « Khmers rouges » par le roi Norodom Sihanouk, ils ont vaincu les partisans pro-américains du général Lon Nol au terme d'une guerre civile de cinq ans.
Le soir même, l'« Angkar » (l'Organisation) - le Parti communiste du Kampuchea (nouveau nom du pays) décide de vider la ville de tous ses habitants.
Plus de 2 millions de personnes sont jetées sur les routes par une chaleur torride. Parmi eux, 100.000 femmes enceintes et 100.000 bébés de moins d’un an, des vieillards, des blessés, des malades que l’on a sortis de l’hôpital.
En 1970, Phnom Penh comptait 600.000 habitants. En 1975, elle en comptait 3 millions. Elle s’était gonflée de centaines de milliers de paysans qui avaient fui les zones de combats et les bombardements américains et qui venaient s’entasser dans les camps de réfugiés autour de la ville.
Phnom Penh en 1975, est donc une ville hypertrophiée où se concentre près de la moitié de la population du pays.
En France le journal Libération salue la victoire des révolutionnaires !
La Une de Libération, le 17 avril 1975 |
La Une de Libération, le lendemain |
Le journal prétend que « par dizaines de milliers, les habitants de Phnom Penh sont descendus jeudi dans les avenues de la capitale pour accueillir les premières unités des forces de libération ».
Quelques jours plus tard, il parlera de « calomnies » pour qualifier les premières informations rapportant des cas d'exécutions et d'évacuations massives commises par les troupes de Pol Pot.
Le régime de Pol Pot transforme le pays, en un immense camp de concentration.
Jusqu’à la chute du régime, le 7 janvier 1979, près de deux millions de cambodgiens, soit un habitant sur quatre, auront été victimes de la folie meurtrière des Khmers rouges : exécutés ou victimes de maladie, d’épuisement ou de malnutrition.
L’élimination physique toucha tous ceux qui avaient un diplôme supérieur au certificat d’études, de tous ceux aussi, y compris parmi les Khmers Rouges eux-mêmes, qui s’opposaient à la fraction de Pol Pot.
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