Ce lundi 23 juillet 1945, une chaleur accablante s'est abattue sur Paris.
Inculpé de crime de haute trahison pour avoir collaboré avec l'Allemagne de 1940 à 1945, le maréchal Philippe Pétain comparaît devant la Haute Cour de justice créée le 18 novembre 1944.
Le procès se déroula dans la première Chambre de la Cour d'Appel de Paris. La salle est certes trop exiguë pour contenir l'assistance prévue (en particulier la presse), mais choisie après de longues hésitations pour des raisons de sécurité.
Un appartement avait été aménagé pour le Maréchal dans le cabinet du greffier et le vestiaire des magistrats. Quelques pas seulement séparaient ainsi l'accusé de la salle d'audience.
Il est 13h00 quand le procès de Pétain s’ouvre.
Après la lecture par le greffier de l'acte d'accusation, qui retient les griefs d'attentat contre la sûreté intérieure de l'Etat et d'intelligence avec l'ennemi, après lecture d'un complément par Mornet, après l'appel des témoins et au moment où l'interrogatoire va commencer, Pétain demande la parole pour lire une déclaration :
« C'est le peuple français qui, par ses représentants, réunis en Assemblée Nationale, le 10 juillet 1940, m'a confié le pouvoir. C'est à lui seul que je suis venu rendre des comptes. La Haute-Cour, telle qu'elle est constituée, ne représente pas le peuple français, et c'est à lui seul que s'adresse le Maréchal de France, chef de l'Etat.
Je ne ferai pas d'autre déclaration
Je ne répondrai à aucune question. Mes défenseurs ont reçu de moi la mission de répondre à des accusations qui veulent me salir et qui n'attaquent que ceux qui les profèrent... »
Pétain sera condamné à mort le 15 août et démuni de tous ses biens.
Le jugement de la haute Cour de Justice est rendu le 15 août 1945 : frappé d'indignité nationale, Pétain est déchu de son titre de maréchal de France, il est dépouillé de son uniforme à la fin de son procès, radié de l'Académie française, condamné à la confiscation de ses biens et surtout à la peine de mort.
Usant de la grâce présidentielle, le général de Gaulle commue la peine de ce vieil homme de 89 ans en détention à perpétuité (Vainqueur de Verdun).
Emprisonné dans un premier temps dans les Pyrénées, Pétain est transféré en novembre 1945 sur l'Île-d'Yeu, il y mourra le 23 juillet 1951 (à 95 ans).