Il y a 30 ans, François Mitterrand était élu président de la République face à Valéry Giscard d'Estaing, avec 51,76% des uffrages.
Pour la première fois dans l'histoire de la Vème République, les Français portait un socialiste au sommet de l'État (lequel était justement opposé à la 5ième République).
Le 21 mai 1981, lors de l'investiture, le septennat du nouveau président s'ouvre par une cérémonie au Panthéon.
Puis il nomme son premier gouvernement dirigé par Pierre Mauroy et dissout l'Assemblée nationale. Les élections qui suivent, les 14 et 21 juin 1981, lui donnent la majorité absolue au Parlement. Un deuxième gouvernement de Pierre Mauroy fait entrer quatre ministres communistes.
Scènes de liesse populaire
Le 10 mai au soir, "le peuple de gauche" est dans la rue.
Pendant deux ans, François Mitterrand va bénéficier d'un état de grâce dans l'opinion qui va lui permettre de mettre en œuvre les réformes les plus emblématiques de son programme : l'abolition de la peine de mort en octobre, l'autorisation des radios libres, la création de l'impôt sur les grandes fortunes, les nationalisations, les 39 h hebdomadaires en 1982...
Cette joie sera de très courte durée
Dès le lendemain, c'est l'agitation politique et financière : le franc est ébranlé, les cotations à la Bourse arrêtées... La méfiance des investisseurs internationaux à l'égard du nouveau gouvernement et les fuites de capitaux seront telles que le franc sera dévalué dès le mois octobre.
Moins de 2 ans plus tard, 6 avril 1983 le premier ministre Pierre Mauroy annonce son plan de rigueur.
Le nombre de chômeurs passe de 1.486.000 au moment de son élection à 2.300.000 en fin1985. Les élections législatives de 1986 donneront lieu à la première "cohabitation" avec Jean Chirac pour premier ministre.
Élection surprise
On présente souvent l'élection comme très attendue par le peuple Français.
Pourtant, le premier tour fut dominé par Valéry Giscard d'Estaing.
Plusieurs éléments effacés de la mémoire collective permettent de l'expliquer.
Le vrai-faux soutien de Chirac
Jacques Chirac, après son refus d'appeler ses partisans à soutenir Valéry Giscard d'Estaing pour le second tour, est accusé de soutenir le candidat socialiste en ne se prononçant qu'à titre personnel en faveur du président sortant.
Le poids des médias dans l'élection présidentielle
Entre les deux tours, Le Canard enchaîné publie des documents montrant, pour la première fois, que le ministre du Budget Maurice Papon a été, sous le régime de Vichy, responsable de la déportation de Juifs.
Valéry Giscard d'Estaing dénonce une manipulation politique et nie avoir connu le passé de Papon.
Les médias de l'époque n'ont pas parlé de "la francisque", décoration Vichyste que François Mitterrand avait reçue du Maréchal Pétain sous le numéro 2202.
Ils n'ont pas diffusé les deux photographies où François Mitterrand apparaît face à un cordon de policiers dans une manifestation le 1er février 1935 contre les médecins étrangers autorisés à exercer en France, aux cris de « La France aux Français ».
De même ses liens avec René Bousquet (secrétaire général à la police du régime de Vichy, responsable de la rafle du Vél'd'hiv' en 1942) ne seront rendus publics qu'à l'occasion de la sortie du livre de Pierre Péan en 1994.