Le 27 novembre 1942, la flotte française se saborde en rade de Toulon pour échapper à l'armée allemande qui vient d'investir le port.
Deux semaines plus tôt, la Wehrmacht, avait franchi la ligne de démarcation qui séparait depuis l'invasion de 1940 la «zone occupée», sous administration allemande, de la «zone libre», administrée par le gouvernement de Vichy. Par cette « opération Attila », Hitler ripostait au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord.
L'amiral Jean de Laborde, qui commande la flotte de Toulon, exclut que la marine française entre au service des Allemands mais, comme la plupart de ses pairs et des officiers de la marine, il refuse avec la même détermination qu'elle se mette au service des Alliés et en particulier des héritiers de l'amiral Nelson, le vainqueur de Trafalgar !
Il donne en conséquence l'ordre de sabordage au petit matin, dès qu'il apprend que les Allemands ont pénétré dans le « camp retranché » de Toulon ce 27 novembre 1942 à 4h50.
Le branle-bas sonne alors brusquement sur tous les navires bientôt suivi de l'ordre d'évacuation. Ne restent à bord que les équipes de sabordage préalablement désignées et constituées.
Pendant ce temps, les chars allemands ne parviennent pas à se repérer dans l'arsenal et vont perdre de nombreuses minutes avant d'atteindre leurs objectifs ; permettant ainsi aux équipes de sabotages de remplir leur mission.
En quelques minutes de multiples explosions vont secouer les bâtiments présents dans l'arsenal, au point que les toulonnais croiront en un terrible bombardement et pour certains en un tremblement de terre.
En quelques minutes, 235.000 tonnes de bâtiments sont coulés soit :
3 cuirassés,
7 croiseurs,
1 transport d’aviation
15 contre-torpilleurs,
13 torpilleurs,
6 avisos,
12 sous-marins,
9 patrouilleurs et dragueurs,
19 bâtiments de servitude,
1 bâtiment-école,
28 remorqueurs
Seuls 5 sous-marins ont le temps de quitter la rade :
Du coté du Mourillon, cinq sous-marins bravent les ordres de sabordage et parviennent à franchir les passes du port militaire au prix des pires difficultés (champs de mines magnétiques, bombardements allemands).
Deux rallieront Alger, le Casabianca et le Marsouin, un ralliera Oran, Le Glorieux. L'Iris ira trouver refuge à Barcelone tandis que la Vénus préférera se saborder en grande rade. Un seul bâtiment de surface, le Leonor Fresnel, du Service des Phares et Balises, ralliera Alger, après s'être échappé des Salins d'Hyères.
Les marins français auront suivi jusqu'au bout les instructions émises 2 ans plus tôt par l'Amiral Darlan, qui prévoyaient qu'en cas de violation de la part de l'ennemi de l'article 8 de la convention d'armistice de 1940 (concernant la neutralisation et le maintien de la flotte française dans certains ports), les bâtiments français ne devaient en aucun cas tomber intacts aux mains de l'ennemi.