Au petit matin du 18 mai 1302, les artisans de Bruges, en Flandre, se soulèvent contre la garnison française. Maison par maison, ils assassinent un millier de partisans du roi de France, dont la garnison française logée chez l'habitant et de bourgeois par les membres des milices communales.
Un trop puissant voisin
Sous Philippe Auguste et Saint Louis, la France était devenue le plus puissant royaume d'Europe.
Mais à la fin du XIIIe siècle, la Flandre et l'Angleterre commencent à lui faire de l'ombre grâce à leur enrichissement rapide. L'Angleterre vend de la laine aux communes flamandes comme Bruges, Ypres ou Gand. Celles-ci fabriquent des draps qu'elles revendent à prix d'or dans toute l'Europe.
Le comte de Flandre veut s'allier au roi anglais. Mais le roi de France Philippe IV le Bel l'attire à Paris, l'emprisonne et installe en Flandre un gouverneur à sa dévotion.
Le 29 mai 1301, Philippe le Bel et sa cour sont accueillis en grande pompe à Bruges par les bourgeois (aux frais du peuple). Le roi se réjouit de l'annexion des Flandres au royaume.
Des voix dissidentes se font entendre
Un tisserand du nom de Pierre Coning (en flamand, Pieter de Coninck) appelle le peuple à la révolte. Ses partisans, les «klauwaerts» (du parti de la griffe, symbole de la Flandre), sont néanmoins repoussés par les bourgeois, favorables au roi de France (on les surnomme «leliaerts» ou parti du lys).
Méfiant, le gouverneur des Flandres, Jacques de Saint-Pol, supprime les libertés de Bruges. La population se reprend alors à écouter Pierre Coning. En représailles, les Français occupent en force la ville.
C'est alors que surviennent les « Matines de Bruges ». 1600 insurgés en armes, avec Pieter de Coninck à leur tête, pénètrent pendant la nuit dans les maisons.
1000 soldats de la garnison française sont démasqués les uns après les autres et assassinés au pied de leur lit.
Cette journée a été appelée « Matines de Bruges » par analogie avec les « Vêpres siciliennes » qui chassèrent 20 ans plus tôt les Français de Sicile. Elle réduit à néant le rêve des rois capétiens d'annexer les Flandres.
La bataille des Éperons d'or
Cette révolte mena à une autre bataille célèbre, la bataille « des Éperons d'or », qui opposa les milices flamandes aux troupes françaises le 11 juillet de la même année.
Les chevaliers français sont battus par les milices communales à la « bataille des éperons d'or », près de Courtrai, ainsi nommée en raison des éperons que les vainqueurs ramassèrent sur le champ de bataille.
Le 23 juin 1305, une paix de compromis permet à Philippe le Bel d'annexer seulement Lille, Douai et Béthune. La France atteint alors la frontière qui sera encore sienne sept siècles plus tard en dépit de nombreuses guerres.