Vers 16 heures, l'anarchiste français Auguste Vaillant lance, depuis la tribune de la Chambre, une bombe chargée de clous sur les députés.
Plus de peur que de mal
Une illumination éclaire la salle qui est envahit ensuite par la fumée. C'est aussi une grêle de projectiles qui s'abat sur les députés et les spectateurs assistant aux délibérations.
L'attentat dans l'hémicycle ne fait aucun mort.
De la tribune, le président Charles Dupuy lance dans le brouhaha ambiant : « Messieurs, la séance continue ! »
Un peu plus tard, il ajoute : « Il est de la dignité de la Chambre et de la République que de pareils attentats, d'où qu'ils viennent et dont, d'ailleurs, nous ne connaissons pas la cause, ne troublent pas les législateurs ».
Le Président, en maintenant la séance, fait preuve de sang-froid, de même que les parlementaires qui ne cèdent pas à la panique, certains d'entre-eux prêtant leur concours aux médecins arrivant sur les lieux.
Auguste Vaillant, âgé de 33 ans qui a lancé la bombe, est arrêté.
Lors de son procès, il énoncera clairement que son objectif n'était pas de tuer mais de blesser un grand nombre de députés. Il expliquera son geste par sa volonté de venger la mort de Ravachol, un anarchiste exécuté après avoir commis 4 attentats.
Condamné à mort, il est exécuté le 5 février 1894.
De sa mort naîtront une chanson, La Complainte de Vaillant, mais aussi une série de lois répressives – les « lois scélérates » – à l'initiative du parlementaire Jean Casimir-Perier... et une nouvelle vague d'attentats !
L'attentat manqué de la Chambre est une illustration spectaculaire de la violence anarchiste qui frappe l'Occident dans la dernière décennie du XIXe siècle... comme le terrorisme rouge dans les années 1970.
Les lois scélérates
La conséquence directe des actes anarchistes fut l'adoption des « Lois scélérates » :
La première, votée le 12 décembre 1893, concerne la sécurité générale. Elle prévoit la création de nouveaux délits, dont l'apologie de faits ou apologie de crime. Cette loi permet aux autorités d'ordonner des arrestations et des saisies préventives.
La seconde, datée du 18 décembre 1893, concerne les associations de malfaiteurs. Elle a pour objectif d'autoriser toute poursuite contre des groupes accusés de préparer des attentats.
La troisième, adoptée le 28 juillet 1894, concerne la liberté de la presse. Elle interdit toute propagande aux anarchistes et se traduit par l'interdiction de leurs journaux.
Les lois scélérates ont été abrogées que le 23 décembre 1992.