L'écrivain Émile Zola publie dans le journal "L'Aurore" une lettre ouverte au président de la République Félix Faure.
Le titre lui est soufflé par Georges Clémenceau, alors éditorialiste du journal : "J'accuse".
Vendu habituellement à trente mille exemplaires, le journal diffuse ce jour là près de trois cent mille copies !
La lettre dénonce l'antisémitisme et les erreurs judiciaires dont est victime le capitaine Alfred Dreyfus depuis le mois d'octobre 1894.
En prenant ouvertement la défense de Dreyfus, condamné à la déportation à vie en Guyane pour crime d'espionnage au profit de l'Allemagne, Zola s'oppose au gouvernement de Jules Méline, lequel déclara « Il n'y a pas d'affaire Dreyfus. »
Zola sera condamné à 3.000 francs d'amende et à un an de prison pour diffamation envers une autorité publique.
Le "J'accuse" fait du cas Dreyfus une "affaire" et divise la France. Cette affaire est l'une des crises les plus graves de la IIIe République.
Rappels :
DREYFUS, Alfred (1859-1935)
Capitaine artilleur d'origine juive, est accusé et jugé sommairement de haute trahison en 1894 avant d'être réintégré en 1906.
Alfred Dreyfus est accusé d'être l'auteur d'un document dérobé à l'ambassade d'Allemagne (désigné sous le nom de "bordereau"), annonçant la livraison de documents concernant la défense nationale.
Son procès s'ouvre le 19 décembre 1894, devant le Conseil de guerre de Paris.
Il est condamné, le 22 décembre, à la déportation perpétuelle dans une enceinte fortifiée.
Il est dégradé au cours d'une cérémonie publique qui a lieu dans la grande cour de l'École militaire, le 5 janvier 1895.
Le 21 février, il est embarqué pour l'Ile du Diable.
Le mouvement de protestation en faveur de la révision de son procès aboutit à une annulation de sa condamnation par la Cour de Cassation, le 3 juin 1899.
Un deuxième procès s'ouvre pour lui à Rennes, du 7 août au 9 septembre 1899, à l'issue duquel il est condamné de nouveau, mais avec des "circonstances atténuantes".
Le 19 septembre, il est gracié par le président Émile Loubet.
Le 12 juillet 1906, après un combat long de douze années, le capitaine Alfred Dreyfus est enfin réhabilité par un arrêt de la Cour de Cassation.
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