Le jeudi 9 septembre 1943, suite à la capitulation de l'Italie la veille, les Corses se soulèvent. Les insurgés, épaulés progressivement par des troupes venues d'Afrique du Nord, mèneront des combats contre les troupes allemandes jusqu'au 4 octobre.
La Corse, qui appartenait à la zone libre, avait été envahie, le 11 novembre 1942, par les Allemands et les Italiens (opération Attila) à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord.
80.000 soldats Italiens occupent la Corse le 11 novembre, auxquels viendront s'ajouter (à partir de juin 1943), 14.000 Allemands de la brigade SS Reichsführer (soit presque un occupant pour deux habitants, l'île comptant environ 200 000 habitants).
La Résistance, qui existait déjà à l’état embryonnaire commença alors à s’étoffer.
Le 10 juillet 1943, les Alliés débarquent en Sicile (opération Husky) et Mussolini est destitué deux semaines plus tard.
Le 3 septembre 1943, un armistice, rendu public le 8, est signé entre l'Italie et les Anglo-Américains.
Dès le 4 septembre, la Résistance corse est mise en alerte par un message radio qui lui apprend l'imminence d'un débarquement.
Le soir du 8, le général italien Magli reçoit deux ultimatums : l'un du commandement allemand qui exige le désarmement des forces italiennes, l'autre de Paul Colonna d'Istria qui réclame une prise de position sans équivoque pour ou contre la Résistance corse. Le premier est rejeté, le second accepté avec des réticences qui expliquent que les troupes italiennes ne sont vraiment engagées contre les Allemands qu'une quinzaine de jours plus tard.
Le 9 septembre 1943, Ajaccio se soulève massivement contre l'occupant nazi et devient ainsi la première ville française libérée de la domination allemande.
La Corse sera alors le premier département français libéré.
La libération de la Corse fut combinée par la Résistance intérieure corse, appuyée par des troupes débarquées du sous-marin Casabianca, échappé au sabordage de la flotte de Toulon pour rejoindre les Français libres.
Libérée grâce à l’action des patriotes et des Forces Françaises Libres, l'île deviendra une base pour la poursuite des opérations en Italie puis pour le débarquement en Provence en août 1944.
La libération de la Corse aura coûté la vie à plus de deux mille deux cents personnes :
- 87 militaires venus d'Alger,
- 172 patriotes corses
- 200 victimes des bombardements dont 170 à Bastia,
- 637 Italiens, un millier d'Allemands,
- 137 victimes du torpillage du «Général-Bonaparte », le 19 mai 1943, entre Ajaccio et Nice) ;
Il faut compter presque autant de blessés (240 militaires venus d'Alger, 300 patriotes, 300 par les bombardements, 600 Italiens, 500 Allemands).
Charles De Gaulle évalue immédiatement l’ampleur du symbole et la portée politique de l’évènement.
Visitant Bastia dévastée par de violents bombardements puis Ajaccio le 8 octobre, il déclare lors de son premier grand discours en métropole :
« La Corse a la fortune et l’honneur d’être le premier morceau libéré de la France. Ce qu’elle fait éclater de ses sentiments et de sa volonté, à la lumière de sa libération, démontre ce que sont les sentiments et la volonté de la nation toute entière. (…) Les patriotes corses groupés dans le Front National auraient pu attendre que la victoire des armes réglât heureusement leur destin. Mais ils voulaient eux-mêmes êtres des vainqueurs. » .
Le même jour devant les correspondants de guerre américains, anglais et français le chef de la France Libre ajoute :
« L’exemple de la Corse concourra à galvaniser l’action des patriotes de France. L’écroulement de l’autorité de Vichy et l’établissement de la nouvelle administration se sont faits ici sans le moindre désordre. »
Relire également :
27 novembre 1942 - La flotte française se saborde à Toulon
25 juillet 1943 - Mussolini renversé