Le jeudi 21 mars 1940, dans l'émotion suscitée par l'armistice entre les Finlandais et les Soviétiques, dix jours plus tôt, Paul Reynaud remplace Édouard Daladier (l'homme des accords de Munich) à la présidence du Conseil (le gouvernement français).
Paul Reynaud est l'un des rares hommes politiques à s'être opposé aux accords de Munich (automne 1938) qui autorisaient l'annexion du territoire tchèque des Sudètes par Hitler. A la tête du ministère des Finances depuis cette date, il a pris une place déterminante dans la préparation du pays à la guerre en étant partisan de la plus grande fermeté à l'égard de l'Allemagne.
Il devient ainsi Président du Conseil en remplaçant Edouard Daladier déconsidéré depuis qu’il avait signé les accords de Munich.
Dès le début de l’invasion allemande, Reynaud appelle le 18 mai, le Maréchal Philippe Pétain, le vainqueur de la bataille de Verdun, pour être son vice-président. Le lendemain, il rappelle Maxime Weygand à la tête des armées : ce dernier était l’ancien adjoint du Maréchal Foch.
Une semaine plus tard, Paul Reynaud rencontre Winston Churchill, le nouveau Premier ministre britannique. Les deux hommes tombent d’accord pour lutter ensemble contre Hitler selon l’engagement mutuel de la France et de l’Angleterre de ne pas accepter d’armistice ou de traité de paix séparé. Pourtant, dans son gouvernement, Reynaud compte quelques ministres favorables à un armistice dont Maxime Weygand et Philippe Pétain convaincus de la future défaite française.
Paul Reynaud propose alors que les militaires demandent un cessez-le-feu afin que le gouvernement puisse se replier en Afrique du Nord en continuant la lutte. En effet, la France dispose d’une aviation, d’une flotte, de régiments et de beaucoup d’âmes dans les colonies et les Français de métropole n’auraient qu’à patienter.
Cette idée n’est pas du goût du général Maxime Weygand qui objecte que tout le territoire serait occupé, les armées défaites et les armes saisies. Il prône donc un armistice, soit un arrêt des combats en attendant un traité de paix normal. Pétain le soutient dans cette idée d’autant plus que l’exode a commencé, que la Belgique et les Pays-Bas ont été pris, que Sedan a été vaincue. Il ne veut pas abandonner le pays, affirme que l’armée a fait son devoir et qu’il faut savoir reconnaître une défaite.
Paul Reynaud et les membres de son gouvernement, le 6 juin 1940.
De gauche à droite, MM. Ludovic-Oscar Frossard (Travaux publics), Albert Chichery (Commerce),
Jean Prouvost (Information), Yves Bouthillier (Finances),
Paul Reynaud (président du Conseil, ministre de la Défense nationale et de la Guerre et des Affaires étrangères),
André Février (sous-secrétaire d’État aux Travaux publics), Yvon Delbos (Éducation), Charles de Gaulle (sous-secrétaire d’État au ministère de la Défense nationale et de la Guerre), Georges Pernot (Famille).
Deux personnes ne sont pas d’accord avec cette vision des choses : Georges Mandel, le Ministre de l’Intérieur et le général de brigade Charles de Gaulle, alors sous-secrétaire d’état à la Défense. Pour eux, cette guerre n’a rien à voir avec les précédentes : il s’agit de se battre contre des régimes totalitaires (Allemagne nazie, Italie fasciste et URSS communiste).
De Gaulle est envoyé à Londres par Paul Reynaud pour prier Churchill de dégager la France de sa promesse. Le 16 juin, Paul Reynaud reçoit un télégramme de Churchill qui l’autorise à demander les conditions d’un armistice à Hitler tout en mettant la flotte française à l’abri dans les ports britanniques. Puis Churchill propose une union totale entre l’Angleterre et la France ne faisant des deux pays qu’un seul. Un rendez-vous est pris pour le lendemain entre les deux hommes mais ce traité d’union est rejeté par les partisans de l’armistice, majoritaires dans le gouvernement.
Isolé, Paul Reynaud démissionne le soir du 16 juin 1940.
Mal inspiré cette fois, suggère au président Albert Lebrun d'appeler le maréchal Pétain à sa place !
Arrêté en septembre 1940, Paul Reynaud sera déféré devant le tribunal de Riom, chargé par Pétain de juger les « responsables de la défaite » mais aucun magistrat ne voudra le condamner.