Les articles 45 à 50 du traité de Versailles font du bassin de la Sarre un territoire placé sous mandat de la jeune Société des Nations. La durée du mandat est fixée à quinze ans, à l’issue desquels un plébiscite décidera du statut de la Sarre. Le traité concède également les mines de charbon « en propriété entière et absolue » à la France, comme compensation pour les dommages infligés par l’armée allemande aux houillères du Nord et du Pas-de-Calais.
En 1933, de nombreux opposants au nazisme quittent l’Allemagne pour s’installer en Sarre, le seul territoire allemand échappant au contrôle du régime nazi, et lancent une campagne visant à ce que la Sarre reste sous mandat de la Société des Nations aussi longtemps qu’Adolf Hitler se trouvera à la tête de l’Allemagne.
Le 13 janvier 1935, un plébiscite se déroule conformément aux dispositions du traité de Versailles.
90,8% des électeurs votent en faveur du rattachement de la Sarre à l’Allemagne... sans prêter attention au fait que celle-ci est depuis deux ans passée sous la botte nazie !...
Le 17 janvier 1935, le conseil de la Société des Nations approuve le rattachement à l’Allemagne et le 1er mars, le Reich reprend officiellement contrôle du territoire.
À Berlin, Hitler exulte. Le choix librement exprimé par les Sarrois cautionne son gouvernement, sa propagande et également ses succès économiques. Le Führer annonce peu après que son pays n'a plus de revendication territoriale à l'Ouest. Il renonce officiellement à toute prétention sur l'Alsace-Lorraine !
Ce discours rassure les pacifistes français et européens qui n'en demandaient pas tant.
La Sarre, région frontalière franco-allemande, a longtemps fait l’objet de tensions entre les 2 pays.
Principauté allemande avant la Révolution, la Sarre fut occupée par les troupes françaises dès 1792 et devint un département français entre mars 1801 et novembre 1815. Redevenue allemande, elle fut partagée entre la Prusse rhénane et le Palatinat bavarois. Son intérêt majeur résidait dans les riches gisements de charbon que son sous-sol recélait, permettant le développement de l'industrie sidérurgique.
Après la Première Guerre mondiale, la France n'ayant pu faire faire valoir ses positions concernant la rive gauche du Rhin, Clemenceau mit en avant la question sarroise, provoquant de si vives dissensions que la rupture fut proche chez les Alliés. Un compromis fut finalement trouvé : c'est celui qui est inscrit dans la partie III (Clauses politiques européennes), section IV et son annexe (Bassin de la Sarre), du Traité de Versailles du 28 juin 1919.
Le 15 décembre 1947, une constitution sarroise est adoptée par des conseillers politiques français, faisant de cette région un protectorat français, doté de souveraineté propre. Malgré cette autonomie politique, cette région demeure source de tensions entre la France et Allemagne, qui se disputent continuellement sa tutelle économique et militaire. Afin de doter la Sarre d’un statut européen, un référendum est organisé le 23 octobre 1955. Ayant échoué (60% des voix se prononçant contre l’obtention du statut européen pour la Sarre), le vote est suivi des accords de Luxembourg une année plus tard, rendant la Sarre à la République Fédérale d’Allemagne.