Le siège de Sarajevo est le plus long siège de l'histoire de la guerre moderne. Du 5 avril 1992 au 29 février 1996, il a opposé les forces de Bosnie-Herzégovine (qui avait déclaré son indépendance de la Yougoslavie) et les paramilitaires serbes (qui voulaient faire sécession de la Bosnie nouvellement indépendante).
La Bosnie-Herzégovine aspire à l’indépendance
Le 15 janvier 1992, la Communauté européenne a reconnu l'indépendance de la Croatie et de la Slovénie pour couper court à la guerre menée par les Serbes contre ces républiques dissidentes de la fédération yougloslave. La petite république de Macédoine, au sud de la Yougoslavie, est devenue indépendante, sans heurt.
Chacun attend le tour de la Bosnie-Herzégovine. Cette république se partage à parts presque égales entre musulmans de langue serbo-croate, Croates catholiques et Serbes orthodoxes. À Sarajevo même, on ne compte plus les mariages intercommunautaires et la cohabitation paraît aller de soi... jusqu'au 28 mars 1992, quand des nationalistes serbes proclament une République serbe de Bosnie-Herzégovine.
Le 5 avril, jour de la déclaration d'indépendance, des marches de paix massives eurent lieu dans la ville, dont le groupe manifestants le plus important se dirigeant vers le bâtiment du parlement. À ce moment, des extrémistes serbes armés ouvrirent le feu sur la foule, tuant une étudiante.
Un blocus complet de la ville fut alors officiellement établi par les forces serbes. Les routes principales menant à la ville furent bloquées, stoppant les envois de nourriture et de médicaments. L'eau, l'électricité et le chauffage furent coupés. Les forces serbes autour de Sarajevo, bien que mieux équipées, étaient numériquement inférieures aux défenseurs bosniaques retranchés dans la ville. Par conséquent, au lieu de tenter de prendre la ville, ils l'assiégèrent et la bombardèrent en continu pour l'affaiblir, sans quitter les collines.
Pour contourner le blocus, l'aéroport de Sarajevo fut ouvert par les Nations unies au transport aérien en juin 1992.
D'après les estimations, 10 à 12.000 personnes furent tuées et 56.000 blessées pendant le siège. Les rapports indiquent une moyenne d'environ 329 impacts d'obus par jour pendant le siège, avec un record de 3.777 impacts d'obus pour le 22 juillet 1993.
Les tirs d'obus ont gravement endommagé les structures de la ville, y compris des bâtiments civils et culturels.
La guerre de Bosnie se traduit par des cruautés sans nom.
Les Serbes ouvrent des camps de concentration et systématisent la terreur. Les Musulmans et les Croates leur rendent la pareille. On évalue à 100.000 le nombre de morts de cette guerre sur une population de 4 millions d'habitants. La moitié de la population est déplacée ou exilée.
C'est de l'ouest que surgit l'espoir avec l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la République française. Rompant avec la mansuétude de son prédécesseur à l'égard du président serbe Milosevic, le président et son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé prennent fait et cause pour les Bosniaques.
Ils proposent la constitution d'une Force de réaction rapide. Celle-ci est créée par l'ONU le 15 juin 1995 et intervient dès juillet en Bosnie contre les Serbes. L'OTAN elle-même engage des frappes aériennes sur la Serbie.
Le 14 septembre 1995, en dépit de plusieurs sursauts et massacres, dont celui de Srebrenica (8.000 morts), les Serbes doivent reconnaître leur défaite.