Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 23:01

Le mercredi 22 octobre 1941, à Châteaubriant, en Bretagne, les Allemands fusillent 27 détenus (dont Guy Môquet) en riposte à l'assassinat d'un commandant allemand, le Feldkommandant Fritz Holtz.

Celui-ci a été abattu le 20 octobre, en plein centre de Nantes, par Gilbert Brustlein, qui a aussi participé les jours précédents au déraillement d'un train de permissionnaires allemands.

Les auteurs de ces attentats ont agi sur ordre du parti communiste clandestin, entré en résistance après l'invasion de l'URSS par la Wehrmacht le 22 juin 1941.

Sans succès, les Allemands offrent 15 millions de francs à toute personne qui leur fournirait des renseignements sur eux.

 

Le 22 octobre, en début d'après-midi, les gardes allemands assistés d'un lieutenant français procèdent à l'appel des otages dans les baraques du camp de Choisel-Châteaubriant.

Les futures victimes ont 30 minutes pour écrire une dernière lettre à leurs proches. Après quoi, chantant la Marseillaise avec leurs camarades de détention, ils montent dans les camions qui vont les transporter à la carrière de la Sablière, à deux kilomètres du camp.

Ils refusent de se faire bander les yeux. Face aux 90 SS du peloton d'exécution, 9 poteaux. Trois salves. Les victimes meurent en chantant jusqu'au bout la Marseillaise.

 

La « fameuse » lettre de Guy Môquet

L'Histoire retient du jeune otage Guy Môquet la poignante lettre ci-dessous, écrite en prison avant son exécution. 

Ma petite maman chérie,

mon tout petit frère adoré,

mon petit papa aimé,

Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean.
J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable, je ne peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.

Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.

17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.

Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon coeur d'enfant. Courage !

Votre Guy qui vous aime.

Guy

 

Dernières pensées : vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !

 

Qui était Guy Môquet ?

Rappelons que Guy Môquet est le fils du député communiste Prosper Môquet, interné en octobre 1939, sur décision du gouvernement Daladier en raison de son ralliement au pacte germano-soviétique.

" C’est parce qu’il était communiste, et surtout fils d’un député communiste, que Guy Môquet a été désigné comme otage à fusiller dans une liste soumise aux Allemands sous la responsabilité du ministre de l’Intérieur de Vichy, Pierre Pucheu.

Arrêté par la police française parce qu’il distribuait de la propagande communiste, doit-on considérer cette action comme un acte de résistance ? Les tracts communistes de l’automne 1940 appellent ils à la résistance contre l’occupant ?

La réponse est négative si l’on considère la propagande de la direction du parti communiste, étant entendu que, localement, des communistes ont adopté des positions différentes de celle d’une direction dont ils sont souvent coupés depuis la dissolution du parti.

De juin à août 1940, les dirigeants du Parti communiste français ont entamé des négociations avec les Allemands afin d’obtenir la reparution légale de L’Humanité, interdite depuis le 26 août 1939. Dans les documents retrouvés depuis, les communistes rappellent leur soutien au pacte germano-soviétique :

« Pour l’URSS nous avons bien travaillé par conséquent par ricochet pour vous. » Ils promettent : « Nous ne ferons rien pour vous mais rien contre vous. »

Rien qui s’apparente donc à de la résistance, mais la volonté de reconstruire un parti affaibli, sur une base qui cède plus à la compromission qu’au simple compromis.

Quel est le contenu de « L’Humanité » distribuée par Guy Môquet ?

Dans les grands thèmes du journal figurent une constante dénonciation de Vichy, qui interne les communistes, défend le capitalisme et opprime le peuple, ainsi qu’une exaltation flamboyante du « génial Staline » et de l’URSS, patrie du socialisme, pays de liberté et paradis des travailleurs. "

 François Marcot
Professeur à l’Université de Franche-Comté

 

 

 

Exploitation par la propagande

Dans les années qui vont suivre, le Parti communiste exploitera la mort de l'innocent Guy Môquet et de ses camarades pour faire oublier son retard à s'engager dans le combat contre l'occupant. Cette récupération laisse dans l'oubli nombre de jeunes Français de toutes obédiences qui sont tombés les armes à la main dès les premiers mois de l'Occupation.

 

Ceci n’enlève rien à la monstruosité des exécutions sommaires du régime Nazi.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Rechercher

Calendrier lunaire