L'histoire se déroule à Béthune, sous le règne de Philippe-Auguste, époque où le Nord de la France et une partie de la Belgique actuelle dépendaient des Comtes d'Artois.
Les ravages des épidémies
Le sol marécageux d'une partie des communes voisines de Béthune et de Beuvry favorisait l'éclosion de mouches, moustiques, puces, rats qui semaient à profusion des germes de maladies contagieuses et mortelles variées, telles que malaria, lèpre, peste.
Une épidémie de ce genre apparut fin 1187, mais l'hiver calma la contagion.
Pourtant, l’épidémie reprit en 1188 avec une nouvelle vigueur, juste au moment où la paix venait d'être signée entre le Roi de France et le Comte de Flandres, après quatre années de guerre qui avaient affaibli les habitants et l'économie de la région.
La désolation fut extrême, le découragement total, au point de voir la population s'enfuir des villes, laissant les malades sans soins ni secours, et les morts abandonnés sans sépulture.
La médecine de l'époque était rudimentaire et impuissante.
En pareille situation, la population cherchait secours auprès de Dieu, remplissant les églises.
21 septembre 1188 : Saint Eloi apparu en rêve à 2 forgerons
C'est alors qu'à trois reprises, Saint Eloi, Patron des forgerons, apparut de nuit à un forgeron de Beuvry, nommé Germon, le priant d'aller vers Béthune pour fonder une « karité » (confrérie de charité), qui inhumera les défunts, et pour instaurer une « candeille » (chandelle de cire vierge) pour guérir les malades.
Germon prend alors la route de Béthune le, jour de la fête St-Matthieu, mais en arrivant à la limite des deux communes, il vit, venant à lui, un homme également habillé en forgeron, mais se dirigeant vers Beuvry.
Cet homme n'est autre que Gauthier, un forgeron du faubourg de Saint-Pry, près de Béthune.
Il avait reçu de Saint Eloi le même message que Germon !
La légende veut que les deux forgerons tombent dans les bras l'un de l'autre, pleurent et prient ensemble près de la source de Quinty toute proche (à la limite des 2 communes). Cherchant conseil, Gauthier suggère de consulter un saint homme, le moine Rogon, du Couvent cistercien de Saint-Pry.
Fondation de la confrérie de charité
Il est de bon conseil et, après avoir prié, demande aux deux forgerons de constituer leur « karité » et de commencer aussitôt à enterrer dignement tous les défunts, pendant que lui se charge de leur fournir la Sainte-Chandelle en cire vierge.
Le mouvement est lancé, et devant le courage de ces deux forgerons, des habitants des deux villes viennent les aider.
Progressivement, les défunts sont dignement inhumés, et les malades sont soignés, l'épidémie régresse doucement, puis finit par disparaître complètement.
Mais la chose la plus étrange de cette histoire est le fait que jamais aucun de ces hommes charitables n'ait contracté la maladie ?
La légende parle d'une épidémie de peste. Certains historiens locaux disent ne pas en avoir de preuve écrite, et parlent d'une maladie très contagieuse.
8 siècles d’existence !
Et pendant plus de huit siècles, aucun Charitable n'est mort d'une épidémie, car selon la prophétie de Saint-Eloi :
« Le fléau n'approchera point de vous, ni même de vos demeures ! »
De nos jours, ils ont toujours pour vocation d'accompagner les morts à leur dernière demeure, et accordent leurs attentions aux vivants. D’autres confréries se sont fondée dans les villages et villes de la région de Béthune.
Les 2 confréries de Béthune et Beuvry célèbrent chaque année cette rencontre historique, le dimanche qui suit la Saint Mathieu. Deux processions dont organisées au départ de chaque « chambre » (local de réunion des charitables). Les deux processions se rendent à la rencontre l’une de l’autre, comme l’avaient les 2 forgerons. Une messe en plein air est donnée près de la source Quinty.
Lien du jour :
Histoire, photos et actualité des charitables de Beuvry et Béthune.
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