En résumé, voici la légende du vase de Soissons
Après la prise de Soissons, le butin comme le voulait l'usage, devait être partagé entre le roi et ses hommes. Or, Clovis, voulant offrir un vase en argent trouvé dans le pillage de Soissons à l'évêque de Reims, le plaça "hors part".
Cela mit en colère un de ses soldats qui accusa publiquement Clovis de tricherie, et selon la légende, il brandit sa francisque et brisa le vase. Clovis ne dit rien, fit rassembler les morceaux et les remit à l’envoyé de l’évêque.
Un an plus tard, alors qu'il passe ses troupes en revue le roi des Francs reconnaît le soldat qui l'avait défié.
Clovis n'ayant pas oublié cet affront, reproche à l'homme sa tenue négligée et jette ses armes à terre.
Le guerrier se penche pour les ramasser et Clovis en profite pour lui asséner un coup de sa propre hache sur la tête. "Ainsi as-tu fait, à Soissons, avec le vase" lui dit-il.
Le cadavre gisant sur le sol restera exposé au public en guise de preuve de la toute puissance du chef des armées.
La véritable histoire du "vase de Soissons" est sensiblement différente
Le célèbre vase de Soissons provient en fait du diocèse de Reims : il s'agit d'un vase liturgique en argent.
Après avoir remporté la bataille de Soissons en 486, les soldats de Clovis se livrent au pillage de la ville. Les règles de partage du butin entre les soldats et le roi étaient strictes :
Chacune des parts était tirée au sort, y compris celle du roi qui représentait probablement le cinquième du total.
En 486, le jeune Clovis a 20 ans et cela fait à peine cinq ans qu'il est monté sur le trône. C'est un roi païen, empreint de culture germanique comme tous les Francs.
Toutefois, fin politique, il sait que s'il veut asseoir son pouvoir, il lui faut l'appui de l'Église.
Il veut donc restituer le vase à l'évêque de Reims, Saint Rémi. L'évêque de Reims lui avait d'ailleurs envoyé un messager à Clovis afin qu'il restitue cet objet.
Clovis espérait que le tirage au sort lui accorderait dans sa part le vase. Ce ne fut pas le cas.
Il le réclama alors hors part. La majorité de l’armée approuva le chef vainqueur et voulut lui accorder ce passe-droit.
Seul un soldat, ayant levé sa hache, frappa le vase en criant à haute voix: « Tu n’auras rien ici que ce que le sort t’attribuera vraiment. »
Clovis s’inclina finalement devant ce qui était le droit de l’armée.
Mais grâce à un heureux tirage au sort, il parvint à échanger d’autres objets contre le vase, certes cabossé mais non fendu. Il le rendit au messager de Saint Rémi.
En remerciement pour ce premier témoignage d’amitié et de respect entre les deux hommes, l'évêque de Reims ordonna dans son testament que l’objet fût fondu pour en faire « un encensoir et un calice gravé de représentations ».
Contrairement à ce qu’ont raconté les manuels d’histoire de la IIIe République, le célèbre vase de Soissons, en réalité de Reims, n’a jamais été cassé. Tout au plus fut-il cabossé.
À la célèbre question : « Qui a cassé le vase de Soissons ? » ; la réponse est donc en en réalité : Personne !
La vengeance de Clovis à Soissons, châtiment exemplaire par son excès
Le roi avait réuni ses fantassins à Soissons, le 1er mars 487.
Clovis, profita de la négligence du « frappeur de vase » pour lui régler son compte.
Comme sa lance, son épée et sa hache étaient mal tenues, il lui arracha cette dernière de la ceinture et la jeta à terre.
L’autre se penchant alors pour la ramasser, Clovis en profita pour lui enfoncer sa propre hache dans la tête : « Ainsi as-tu fait, à Soissons, avec le vase. »
Le roi ordonna aux autres de s’éloigner, laissant le cadavre exposé au public, probablement sans sépulture.
La vengeance fait partie de la vie quotidienne des Francs et nul ne songerait à s'en offusquer. Par ce geste, il fait également preuve d'une autorité que plus aucun soldat du royaume n'osera contester par la suite.