Menant une guerre ouverte depuis 1282 pour le contrôle de la Sardaigne et de la Corse, les républiques de Pise et de Gênes jettent leurs flottes dans une bataille décisive au cœur de la mer Tyrrhénienne : la bataille de La Meloria.
C'est l'une des plus grandes batailles navales du Moyen Âge avec près de deux cent galères engagées et dix mille victimes du côté pisan.
Le dimanche 6 août 1284, revenant d’une incursion en Ligurie par cette chaude matinée ensoleillée, la flotte de la république de Pise qui aligne 72 galères réparties en trois escadres est commandée par Podesta Morosini da Venezia, Andreotto Saraceno et Conte Ugolino della Gherardesca.
La rencontre est inévitable avec la flotte génoise supérieure en nombre dont les 100 galères remontent de Sardaigne sous les ordres de l’amiral Oberto Doria. Or, une seconde flottille génoise commandée par Benedetto Zaccaria attend, postée derrière le rocher de la Meloria, au large de Livourne, à l’insu des Pisans.
Cette ruse de guerre sera déterminante pour l’issue de la bataille. Les deux flottes en formation de combat se rapprochent en dessinant un arc. Les galères pisanes arborent à la proue un rostre capable d’éventrer les navires ennemis mais les Génois ont enlevé les leurs afin de laisser une plus grande liberté de mouvement à leurs arbalétriers.
Connue sous le nom de balestrieri del Mandraccio, cette unité d’élite est utilisée également à terre comme armée mercenaire. L’amiral pisan Morosini s’avance, tandis qu’Andreotto Saraceno se tient sur les côtés et que le Conte Ugolino forme une seconde ligne sur l’arrière.
En face, Gênes déploie 63 galères commandées par Oberto Doria. L’engagement est très violent. Les catapultes bombardent et écrasent l’ennemi. On se lance aussi à mains nues des pierres, de la poix bouillante et même de la chaux vive. Ceux qui par malchance tombent à la mer sont frappés à coups de rames !
La bataille, âpre, dure plusieurs heures. Et au moment décidé par l’amiral Doria, l’escadre de Zaccaria en embuscade derrière la Meloria fonce sur l’ennemi semant l’effroi.
La manœuvre consiste à frapper les Pisans par le flanc. Au moyen d’une grosse chaîne tendue entre deux galères, les Génois balayent d’un coup le pont du navire amiral pisan et foncent aussitôt sur les galères ennemies, provoquant un carnage.
Comprenant soudain la ruse des Génois disposant d’une seconde flotte en réserve, Conte Ugolino au lieu d’affronter l’ennemi ordonne à ses vingt galères de se retirer à Porto Pisano. Accusé de haute trahison, il sera enfermé à Pise dans une tour avec toute sa famille et condamné ainsi à mourir de faim…
Cette bataille consacre ainsi la suprématie de la République de Gênes sur la Méditerranée occidentale. Pise tombe sous l'influence de Florence, sa rivale en Toscane.
Territoire pontifical en vertu d'une donation qui aurait faite par Pépin le Bref au pape Étienne II en 754, la Corse passe de la tutelle de Pise à celle de Gênes sans cesser d'appartenir officiellement au Saint-Siège. Mais sous l'administration génoise, sa situation tend à se dégrader...
Elle est divisée en deux régions administratives séparées par la chaîne montagneuse centrale : l'En-Deçà-des-Monts (capitales : Bastia et Calvi) et l'Au-Delà-des-Monts (capitale : Ajaccio). Ces régions recoupent les limites des départements institués par la Révolution en 1793, le Golo et le Liamone, ainsi que des départements institués par la Ve République en 1976 : la Haute-Corse et la Corse du Sud. Elles sont elles-mêmes subdivisées en 90 pièvi (l'équivalent des cantons actuels). Chaque pièva correspond à peu près à une vallée.
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