La bataille de l’Yser est l'appellation donnée à l'ensemble des combats qui se sont déroulés du 17 au 31 octobre 1914 et qui ont opposé les unités allemandes qui voulaient franchir le fleuve en direction de Dunkerque aux troupes belges et françaises qui essayaient de les y arrêter. Fin octobre, l’armée belge réfugiée derrière le fleuve, ouvre les écluses qui jalonnent le fleuve pour immerger la plaine.
Le repli de l'armée belge
Le 4 août 1914, les Allemands envahissent la Belgique qui était neutre depuis 1831. L'armée belge commandée par le roi Albert Ier résiste grâce aux camps fortifiés de Namur et de Liège. Cependant, le 20 août, les Belges abandonnent Liège et se replient vers l'ouest sur camp fortifié d'Anvers, tout en empêchant le débordement par l'ouest des Anglo-français par l'armée allemande.
Après la bataille de la Marne (début septembre), l'armée française et l'armée allemande s'enterrent dans des tranchées en Champagne et en Picardie. Cependant, à l'ouest, l'espace est libre pour un débordement. Les Allemands entreprennent un mouvement en direction des ports de la Manche, afin de priver les Britanniques de ports. Les Français et les Britanniques en font de même pour interdire le débordement : c'est « la course à la mer ».
Début octobre, ayant attendu en vain les renforts britanniques prévus, l'armée belge, menacée d'encerclement, abandonne Anvers et se replie vers le sud-ouest.
Les Belges se replient d'abord derrière le canal de Gand à Terneuzen. Le 10 octobre, à Ostende, une conférence est organisée entre les chefs militaires alliés. Il y est décidé de se replier derrière l'Yser, afin de former un front continu s'étendant jusqu'à la mer du Nord.
Des unités britanniques et françaises arrivées en Belgique aideront à couvrir le repli. Entre les 12 et 15 octobre, l'armée belge s'installe sur l'Yser, entre la mer et Boezinge (6 km au nord d'Ypres).
Le terrain des combats
Les troupes allemandes, menées par le général Beseler et le duc Albert de Wurtenberg, veulent traverser l'Yser, fleuve côtier du Nord, pour rejoindre Dunkerque.
L'Yser n'est pas un obstacle important : en effet, le fleuve n'a que 15 mètres de large environ et n'est pas encaissé. Cependant la région est sillonnée par de nombreux canaux qui permettent le drainage des terrains qui sont pour la plupart au-dessous du niveau de la mer. Le déplacement des troupes est tributaire des nombreux ponts et en est ralenti. L'eau est présente à très peu de profondeur. Il est hors de question de creuser des tranchées.
Un système d'écluses très ancien permet d'évacuer l'eau. Mais si cela s'avère nécessaire, il permet de faire entrer l'eau de la mer du Nord en profitant des marées hautes. L'inondation est alors garantie sur un à deux mètres de hauteur.
La bataille
Les combats font rage pendant plus d’une semaine. Le 25 octobre, à l'exception du secteur de Dixmude, la journée est plus calme. Mais le roi Albert, après consultations d'experts, prend la décision de recourir à une inondation générale entre l'Yser et le talus du chemin de fer, à condition d'obturer tous les passages existant sous ce dernier. Les travaux commencent immédiatement.
La situation est désespérée : l'artillerie belge n'a presque plus de munitions.
À Nieuport, les Français abandonnent la tête de pont de Palingbrug. Dans la nuit, on détruit volontairement le pont sur le canal de Furnes.
Au centre, sous pression de l'ennemi, les Belges doivent se replier derrière le remblai du chemin de fer. L'ordre est donné de défendre cette ultime position à tout prix.
L’inondation
Le soir, l'ordre est donné de procéder à l'inondation par l’écluse de l’ancien canal de Furnes. Par cet accès à l’ancien canal de Furnes, l'eau de mer peut entrer à l'est du remblai du chemin de fer, grâce au siphon sous le canal de Furnes (ou canal de Dunkerque). La digue que l'on vient de construire entre le canal de Furnes et la ligne du chemin de fer empêche l’eau d’envahir le terrain à l’ouest du chemin de fer, où sont installées les troupes alliées. Le soir, à l'arrivée de la marée haute, les portes de l'écluse sont ouvertes, mais les vantaux, mal fixés, se rabattent brusquement sous la pression de l'eau montante et coupent l'afflux d'eau.
Dans la nuit du 27 au 28 octobre, les portes de l’écluse de l’ancien canal de Furnes sont de nouveau ouvertes. L'inondation reprend.
Malgré leur infériorité numérique, cette inondation artificielle permet aux Belges de stopper la progression ennemie et d’établir un barrage effectif tout au long de la guerre. Les troupes allemandes sont alors bloquées dans leur progression et le front de l'Yser est stabilisé. Il le restera jusqu'en 1918.