Le 16 juin 1946, à Bayeux, De Gaulle formule dans un discours retentissant une critique en règle des institutions de la IVème République. C’est l’un des discours les plus importants du général de Gaulle, figure charismatique de la France Libre pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le contexte de son retrait
Alors que le Général de Gaulle devient le chef du gouvernement provisoire de la République au sortir de la guerre et suite à l’effondrement du régime de Vichy, celui-ci sent bien que la France et le milieu politique n’est pas prêt pour un changement en profondeur des institutions.
Tandis qu’il regarde avec envie (et méfiance) le Président des États-Unis Franklin D. Roosevelt jouir d’une forte puissance exécutive soutenue par deux chambres acquises à ses combats, il doit pour sa part faire face à des forces politiques opposées à ses projets de grandeur.
Au lieu d’avaliser un projet de quatrième République en contradiction avec ses propres projets institutionnels, De Gaulle préfère démissionner du pouvoir pour commencer à bâtir une force politique capable d’appliquer sa vision de l’État le moment venu. Pour lui, la France doit pouvoir se munir d’un exécutif puissant, porté par un Président de la République aux pouvoirs élargis, c’est-à-dire tout le contraire du Président de la quatrième, qui ne sert, selon sa formule, qu’à « inaugurer les chrysanthèmes ».
Une vision pour la France
Charles De Gaulle quitte sa retraite de Colombey-les-deux-Églises (Haute-Marne) et rentre brutalement dans l'arène politique. Il prononce un discours à proximité de la sous-préfecture de Bayeux (première sous-préfecture libérée en juin 1944). C’est la première fois qu’il s’adresse aux Français depuis sa démission de la tête du gouvernement, le 20 janvier 1946.
Le résistant, qui ne supporte pas l'inaction, exprime sa propre vision du partage des pouvoirs entre législatif (Parlement) et exécutif (chef de l'État et gouvernement) avec le souhait d'être rappelé par les Français...
Le général de Gaulle donne des idées à propos de la Ve République :
le Parlement doit être composé de deux Chambres exerçant le pouvoir législatif.
le chef d'état est un arbitre au-dessus des partis.
le président de l'Union française est aussi celui de la République.
le président nomme son premier ministre et ses ministres.
le président prend des décrets et promulgue la loi.
le président préside le Conseil des ministres.
le président est le garant de l'indépendance nationale.
le président discute et ratifie les traités.
Mais cette vision laisse la classe politique indifférente.
L'année suivante, le général fonde son propre parti, le Rassemblement du Peuple Français (RPF).
En 1953, délaissé par ses propres députés et prenant acte de l'inanité de son action, le Général se met en retrait du RPF et se retire dans sa résidence de Colombey-les-deux-Églises et se met à l'écriture.
Lien du jour : Texte intégral du discours de Bayeux