Le dimanche 15 avril 1798, quelques semaines après la création d'une République suisse unitaire, à l'image de la République française, les troupes françaises occupent la république indépendante de Genève.
Comme lors de l'occupation de la Suisse, quelques mois plus tôt, les troupes françaises agissent sur ordre du gouvernement du Directoire (1795-1799), poussé par la logique stratégique, les suppliques de certains agitateurs et l'attrait des richesses disponibles.
Cette occupation met ainsi fin à une indépendance devenue illusoire depuis une première intervention française six ans plus tôt.
La ville annexée est transformée en chef-lieu du département du Léman. En 1814, à la chute de Napoléon Ier, Genève recouvrera sa liberté et sera intégrée à la Confédération helvétique.
Une « aristocratie républicaine »
La République de Genève s'est constituée au XVIe siècle en marge de la Confédération helvétique mais en s'appuyant à l'occasion sur elle pour résister aux velléités annexionnistes de la Savoie et de la France.
Au cours du XVIIIe siècle, la ville s'enrichit considérablement. Quelques grandes familles patriciennes forment le groupe des « citoyens ». Ce groupe d'environ 1.000 à 1.500 personnes tient le haut du pavé sur le modèle de Versailles. Il est pour cela qualifié de façon abusive d'«aristocratie». Il se recrute par cooptation parmi les «bourgeois» et domine le gouvernement de la cité. C'est lui qui participe au Conseil général, principale des assemblées dirigeantes.
Les « bourgeois » - parfois qualifiés de représentants - sont des entrepreneurs et des commerçants qui ont pu accéder à cette qualité en achetant des « lettres de bourgeoisie ». Le montant de celles-ci varie selon la richesse de la ville et ses besoins (entretien des fortifications). Il est de 500 florins vers 1650 et de 4000 vers 1700. Les bourgeois, qui constituent environ un tiers de la population de la cité, prétendent à une influence en rapport avec leur contribution économique. Ils sont tout au long du XVIIIe siècle en conflit avec l'« aristocratie » pour le gouvernement de la cité.
Les classes inférieures n'ont aucun droit politique. Elles rassemblent les « habitants » - des étrangers qui ont obtenu le droit d'habiter dans la cité -, les « natifs » - enfants des précédents - et les simples «sujets» - étrangers et résidents sans droits particuliers.
Ces classes inférieures, tout au long du XVIIIe siècle, se démènent pour obtenir, à défaut de droits politiques, l'accès à un plus large éventail de professions.